• Nouvelles du secteur

Trois initiatives philanthropiques viennent changer la donne

Alors que des appels à un changement de culture en philanthropie se font entendre, des initiatives en assurance, en planification financière et en dons d’entreprises viennent dynamiser le secteur au Québec et au Canada. En voici trois.

1. Démocratiser l’assurance vie au profit d’organismes

Chantale Vigneault, conseillère en sécurité financière depuis 22 ans, connaît l’assurance de personnes sur le bout de ses doigts. Au contact d’une famille dans sa communauté dont la fille était atteinte d’une maladie grave, la conseillère, dont le cabinet est à Saint-Ferdinand, a eu une révélation : les dons ponctuels, c’est bien, mais les besoins reviennent année après année. Lui vient alors l’idée de mobiliser son expertise pour en faire bénéficier les causes que les gens ont à cœur, en créant J’assure ma cause, une assurance vie au profit d’un organisme de bienfaisance du choix de l’assuré.

« L’assurance vie pour le don planifié, ça existe déjà, bien sûr, dit Chantale Vigneault. Mais en général, c’est accessible aux personnes très bien nanties. Moi, je voulais vraiment démocratiser cet outil-là pour les personnes au budget plus restreint. J’assure ma cause est accessible à tous, peu importe le budget. »

J’assure ma cause est un produit d’assurance sans examen médical et s’échelonne sur un maximum de dix ans. Le capital amassé est versé à la cause choisie au décès de l’assuré. Le programme existe depuis le mois de novembre dernier. « Je voulais vraiment que ce soit simple et facile, dit Chantale Vigneault. Pour les organismes, c’est un avantage de savoir qu’ils ont des capitaux d’assurance vie qui vont arriver éventuellement, ça facilite la planification de projets. »

 

2. La planification financière au service du don

Nicholas Palahnuk, conseiller en gestion de patrimoine basé à Toronto, voulait lui aussi mettre son expertise au profit du bien commun. Après plusieurs années dans le milieu, il remarque un manque d’outils dignes de ce nom pour aider les donateurs et leurs conseillers dans leur démarche philanthropique. L’homme d’affaires a donc créé la plateforme PhilanthPro, dévoilée en janvier. L’outil de planification est bilingue et accessible aux États-Unis et au Canada.

« Les logiciels existants étaient conçus davantage pour les OBNL de très grande taille, ce qui les rendait inaccessibles aux personnes disposant d’une fondation plus petite ou d’un fonds conseillé par un donateur, dit Nicholas Palahnuk en anglais. Quant aux logiciels de planification financière, ils étaient axés sur la minimisation des impôts et l’accumulation de richesse. Il n’y avait rien au milieu. »

Selon Nicholas Palahnuk, la philanthropie est à la veille d’un moment charnière. « Il m’est apparu très clairement lors de mes recherches que les personnes fortunées s’intéressaient de plus en plus à la philanthropie, dit-il. Il y a un grand intérêt à s’attaquer à des problèmes majeurs, comme la crise climatique, par exemple. Cela demande de mobiliser des capitaux tout de suite, plutôt que de les faire ruisseler du haut de l’échelle. On ne peut plus agir au fur et à mesure. »

 

3. Impliquer les entreprises

La plateforme Nooé est une autre initiative qui vient donner un nouveau souffle au secteur. Cet OBNL à l’allure de startup, fondé en 2020, mais plus actif depuis un an et demi, veut faciliter « le processus de don en entreprise en favorisant l’engagement et la participation des employés dans le choix des causes à soutenir », dit Florence Petit-Gagnon, cofondatrice de la plateforme. Nooé permet aux entreprises d’attribuer un don d’un montant de leur choix aux employés, que ces derniers peuvent diriger vers une cause qui leur tient à cœur parmi les plus de 3000 organismes enregistrés sur la plateforme.

L’idée est née après que l’ancien employeur de Florence Petit-Gagnon, le concepteur numérique Mirego, eut adopté un outil similaire pour une campagne ponctuelle. La jeune femme était alors membre du comité philanthropique de l’entreprise. « Mirego offrait à chaque employé de verser 500 $ à une ou à plusieurs causes de son choix, se souvient-elle. Pour moi, ç’a été un déclic, j’ai tout de suite vu le potentiel de cet outil-là pour d’autres entreprises qui veulent faire une différence. »

Selon la jeune entrepreneuse, de nombreuses PME ont le désir de redonner, sans toujours savoir comment s’y prendre. « Pour plusieurs, c’est compliqué, elles ne savent pas par où commencer. Donc, nous, on a décidé de leur fournir une plateforme qui pourrait répondre à ce besoin-là et qui leur permettrait de mobiliser leurs employés à travers ça. »

Et ça semble fonctionner : depuis les débuts de Nooé, c’est plus de 350 000 $ qui ont déjà été redistribués à différentes causes. Florence Petit-Gagnon croit que les entreprises doivent faire partie du changement. « Passer par les entreprises, pour nous, c’est une façon d’encourager les gens à adopter des comportements philanthropiques dans leur vie de tous les jours.